Aujourd’hui jamais je ne me suis sentie autant en Afrique. Départ pour
le lac artificiel de Maga qui sépare le Tchad du Cameroun. 75 kms de piste avec
des trous qui nous font bondir continuellement dans le 4x4.
Amine se marre en voyant ma tête : Les africains ils aiment bien
quand ça saute dans la voiture.
Moi : à bon. Les voitures elles, elles doivent pas trop aimer.
Amine : Tu sais les voitures quand elles viennent en Afrique, elles
savent qu’elles vont souffrir. C’est
comme toi si on te met en prison, tu vas pas aimer, c’est comme ca.
MDR
La chaleur : jamais eu aussi chaud. Dans cette région, il fait 40 à
l’ombre. Dès que vous quittez la voiture, le soleil brûle la peau. La
poussière … je vous laisse imaginer.
Des paysages fabuleux. La zone inondée pendant la saison des pluies est
verdoyante. Des oiseaux magnifiques volent en tous sens.
Les hippopotames sont de l’autre côté du lac coté Tchad, j’avais
pourtant prévenu de mon arrivée !
Il faut faire un choix : j’ai l’occasion de rencontrer le sultan de
Pouss récemment élu
et de visiter les cases obu ou Cases Mousgoum. J’abandonne à regret
l’idée des hippopotames.
Après quelques tractations j’obtiens un entretien avec le sultan. C’est
un homme jeune, affable, qui accepte d’emblée de répondre à ma curiosité. Il me
reçoit dans une case d’une grande simplicité, je suis déçue, je m’attendais au palais
des milles et une nuit. Il m’explique ses 3 principales fonctions :
gardien des traditions, faire respecter la justice, faire le lien entre la
population et l’administration….
Visites des case Mousgoum : 4 cases autour du grenier : la
case cuisine, la case de la première femme, la case de la deuxième femme, la
case de l’homme (la plus vaste, donc la plus fraîche).
Messieurs, arrêtez de rêver, ces cases sont juste là pour les touristes
et pour ne pas oublier le passé. Inhabités depuis les années 70. Trop longues à
construire…
Dernière visite sur le retour, je vois un camp de réfugiés. Je demande
au chauffeur de s’arrêter. A l’entrée Pascal (tee_shirt jaune sur la photo),
après quelques questions me propose de me faire visiter le camp. Il m’explique
en septembre les inondations dues aux fortes pluies, l’eau du lac qui passe au-dessus
de la digue, les maisons sous l’eau, les bêtes emportées. 6000 personnes se
retrouvent sans abris, leurs maisons détruites. Le HCR intervient, construit un
camp. Au début, beaucoup de diarrhées, de bilharziose, une crainte du choléra. Aujourd’hui
plus de maladie, tout le monde va bien, l’eau est filtrée, des sanitaires sont
installés partout.
Je demande aux hommes assis par terre : ça va, la vie est difficile
au camp ? Non ça va.
Vous allez reconstruire vos maisons ? non, on attends que vous le
fassiez.
(provoc, ironie, grosse flemme ? surement un peu de tout ça).
Les femmes, elles, sont affairées dans le camp : elles s’occupent des
enfants, font la cuisine, vont chercher du bois, de l’eau. Elles sont partout …
Voilà, ma grande journée africaine.